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Paseo A Dos. Dorantes, Renaud Garcia-Fons (e-motive) |
Certains musiciens sont faits pour se rencontrer : c’est le cas de Dorantes et Renaud Garcia-Fons. Né en 1969, David Peña Dorantes a poursuivi ses études de piano au Conservatoire de Séville. Il ne s’est pas tourné pour autant vers la musique classique mais vers le flamenco, vers la grande tradition du cante jondo gitan : un choix audacieux dans la mesure où le flamenco est avant tout l’apanage de la guitare. Avec un premier album personnel, « Orobroy » en 1998, suivi de « Sur » en 2001, « Sin Muros » en 2012, avec notamment la chanteuse Carmen Linares, il s’est vite imposé comme la « joya del flamenco », tout en se voyant invité dans de grands festivals de jazz comme celui de Montréal en 2010. Né sept ans plus tôt, Renaud Garcia-Fons a d’abord étudié la contrebasse avec François Rabbath, véritable expert dans l’utilisation de l’archet, puis est entré au Conservatoire de Paris. Très vite, il va ajouter une cinquième corde à sa contrebasse et passer maître tant dans le jeu en pizzicato que dans celui de l’archet, imposant sa contrebasse comme instrument soliste et mélodique à part entière : ce que démontre son album solo « Légendes » dès 1992. Garcia-Fons se révèle aussi un complice idéal pour les duos : avec Gérard Marais (« Free Songs » en 1999, « Acoustic Songs » en 2000) comme avec le guitariste d’origine espagnole Pedro Soler (« Suite andalouse » en 1995). Poursuivant cette exploration du flamenco, il enregistrera, par la suite, plusieurs albums, comme « Arcoluz », avec le guitariste Kiko Ruiz et Negrito Trasante aux percussions. La complicité empathique entre le pianiste et le contrebassiste était fatale, comme le montrait leur concert « Free Flamenco », au festival Jazz Brugge de 2012, en compagnie du Bulgare Theodosil Spassov (flûte kaval) et Nano Peña (batterie). Les voici en duo intimiste pour un répertoire de neuf compositions originales : l’occasion de découvrir toutes les facettes de la grande tradition du flamenco gitan. Au travers de ses compositions, Dorantes explore, en effet, toutes les subtilités de la musique andalouse : les rythmes effrénés de la burlería (Molto enrollado, avec son caractère joyeux et enjoué), du garrotín (chant originaire de la Galice mais intégré au flamenco, à travers Mar y rayo dont le rythme s’accélère progressivement), ou du tango gitano (El rio os espera, avec son côté festif) mais aussi des tempos plus lents, gorgés d’une certaine langueur comme la malagueña originaire de Málaga (Palabras de ensueño joué tout au long à l’archet), la guajira (Entre las rosas avec son caractère nostalgique qui lui valut d’être présenté souvent comme « blues de la campagne »), la solea (présentée comme « la mère du flamenco », avec En el cristol de la noche), la siguirilla (une des formes de base du flamenco qui traite souvent de sujets graves, avec Como sueño infantil) ou la rondeña (chant traditionnel de Málaga, au rythme libre, avec La promesa del alba). Que ce soit dans ses intros de piano (Palabras de ensueño, En el cristol de la noche) ou son dialogue complice avec la contrebasse, Dorantes fait preuve de toute sa maîtrise technique et de sa fougue. De son côté, Renaud Garcia-Fons passe, avec une dextérité impressionnante, du jeu en pizzicato à l’archet, toujours avec une grande expressivité lyrique (Molto enrollado, Amanecer) : de la haute voltige.
jazzaroundmag.com Claude Loxhay 18/11/2015 |
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